Ordinateur quantique le plus puissant du monde : quel est-il ?

72 000 milliards de milliards d’opérations par seconde : l’ordinateur quantique n’est plus une chimère de laboratoire, mais un levier de puissance scruté par les plus grandes puissances. Derrière les chiffres vertigineux, une réalité s’impose : la technologie quantique ne se joue plus dans les seules revues scientifiques, mais sur l’échiquier mondial.

Ordinateurs quantiques : où en est la course à la puissance ?

Le calcul quantique n’est plus réservé aux cénacles académiques. Sur ce terrain, l’Europe, la Chine et les États-Unis se disputent une place de choix, multipliant laboratoires, alliances et financements. Leur objectif : franchir le fameux cap des qubits, ces unités d’information qui tordent le cou à notre informatique classique.

La communauté scientifique l’admet : franchir la barre des 50 qubits permet de dépasser les meilleurs supercalculateurs classiques. Mais pour s’attaquer à l’industrie, il faut viser bien plus haut, 1 000 qubits, le nouveau seuil à dépasser. IBM a marqué les esprits avec Eagle (127 qubits), Google avec Sycamore (54 qubits), l’université chinoise USTC avec Zuchongzhi (66 qubits), tandis que Quantinuum s’impose avec son modèle H2.

Quelques acteurs se disputent ainsi la première ligne :

  • IBM, pionnier du secteur, prépare déjà Condor et ses 1 000 qubits annoncés
  • Google poursuit avec Sycamore
  • USTC (Chine), fer de lance asiatique
  • Quandela (Europe), qui fait le pari des qubits photoniques

Mais la puissance de calcul ne se limite plus à l’accumulation de qubits. La stabilité, la correction d’erreurs et la capacité à exécuter des algorithmes complexes deviennent déterminantes. L’Europe, longtemps à la traîne, accélère le tempo. Quandela équipe le TGCC du CEA avec Lucy, un ordinateur quantique photonique ouvert à la communauté scientifique et industrielle européenne. Cette nouvelle phase de la course à la puissance redessine la carte du leadership technologique pour les décennies à venir.

Quel est aujourd’hui l’ordinateur quantique le plus puissant du monde ?

Dans les cercles scientifiques, industriels et politiques, une question s’impose : qui, aujourd’hui, possède l’ordinateur quantique le plus puissant du monde ? Le débat tourne autour du nombre de qubits, mais la réalité est moins simple. Car au-delà du score, la stabilité, la correction d’erreurs et la cohérence quantique font toute la différence.

Pour l’instant, IBM tient la tête avec Eagle, son processeur supraconducteur de 127 qubits. Un seuil inédit, devant une concurrence encore distancée en matière d’accès public et de reproductibilité. Google, avec Sycamore, atteint 54 qubits. Côté chinois, l’USTC propose Zuchongzhi (66 qubits) et Juizhang (dans une autre architecture photonique). Quantinuum mise sur H2 : 32 qubits physiques, mais des progrès notables sur les qubits logiques.

Voici un aperçu des processeurs majeurs et de leurs spécificités :

  • Eagle (IBM) : 127 qubits, référence actuelle pour le volume quantique accessible
  • Zuchongzhi (USTC) : 66 qubits, architecture chinoise en pleine progression
  • Sycamore (Google) : 54 qubits, pionnier de la “suprématie quantique”
  • H2 (Quantinuum) : 32 qubits physiques, 4 logiques

IBM prépare déjà Condor, annoncé à 1 000 qubits. Mais à ce jour, Eagle conserve une avance nette, même si la concurrence innove sans relâche. Les regards se tournent désormais vers la fiabilité, le volume quantique et la capacité à traiter des applications concrètes, bien au-delà de la simple course au chiffre.

Comparatif des modèles récents : performances, innovations et limites

Le paysage du calcul quantique se diversifie : différentes technologies, stratégies industrielles et ambitions nationales s’affrontent. En France, Quandela propose Lucy et Bélénos, fondés sur des qubits photoniques. Lucy, installé au TGCC du CEA, affiche aujourd’hui 12 qubits et vise 24 d’ici 2026. Son couplage avec le supercalculateur Joliot-Curie permet d’explorer des synergies entre HPC et quantique pour des calculs allant de la chimie computationnelle à l’optimisation logistique.

La plateforme, accessible via le portail eDARI, ouvre la voie à l’expérimentation d’algorithmes quantiques sur des cas concrets. Plusieurs collaborations sont déjà en cours : EDF pour les réseaux énergétiques, Crédit Agricole pour la modélisation des risques, Enedis, mais aussi des acteurs de l’aéronautique et de la logistique. Bélénos prend la relève d’une version 6 qubits ; bientôt, Canopus doublera la capacité. L’usage via le cloud facilite l’accès à la technologie photonique.

Face aux processeurs américains supraconducteurs (IBM, Google) et aux innovations chinoises (USTC), la France trace sa route avec la photonique. Moins avancée en nombre de qubits, mais prometteuse en matière de stabilité et de montée en échelle. Les défis restent nombreux : cohérence des qubits, correction d’erreurs, intégration logicielle. Pourtant, l’élan européen s’affirme, propulsé par des partenariats publics-privés, des financements massifs et l’accès partagé via les infrastructures EuroHPC.

Pourquoi la recherche quantique suscite autant d’espoirs (et de défis) ?

La recherche quantique suscite des attentes considérables, portée par la perspective de transformer radicalement le calcul. Ces ordinateurs quantiques pourraient s’attaquer à des problèmes inabordables pour les machines classiques : optimisation de réseaux, simulation moléculaire, gestion des risques financiers. Les applications vont de la chimie computationnelle à l’aérospatiale, sans oublier l’énergie ou l’apprentissage automatique.

Mais la physique quantique impose des défis techniques redoutables. Stabiliser les qubits, corriger les erreurs, dompter la décohérence : chaque progrès ouvre de nouvelles possibilités, mais révèle aussi d’autres blocages. Microsoft, en partenariat avec Atom Computer et Quantinuum, explore la virtualisation des qubits pour dépasser les limites matérielles, pendant que d’autres tablent sur l’hybridation avec les supercalculateurs classiques.

Ces collaborations industrielles marquent le passage à l’application concrète. Quandela et EDF s’attaquent à la prévision de la consommation électrique ; avec Crédit Agricole, il s’agit d’anticiper le risque et de scorer plus finement. Les codes quantiques ne promettent pas seulement plus de rapidité, ils inaugurent des modèles nouveaux, capables de traiter l’entrelacs du réel. Mais chaque promesse appelle sa part de défis : architectures matérielles, compétences à inventer, algorithmes à réécrire.

Parmi les usages expérimentés ou explorés aujourd’hui, citons :

  • Optimisation des réseaux énergétiques
  • Simulation de réactions chimiques complexes
  • Modélisation fine des marchés financiers
  • Conception d’engins aérospatiaux de nouvelle génération

Le calcul quantique avance, tâtonne, accélère. Une chose est sûre : la prochaine révolution ne ressemblera ni à celle du PC, ni à celle du cloud. Qui sera le premier à rendre la puissance quantique banale ? La partie ne fait que commencer.