7,3 millions. Voilà le nombre de personnes nées à l’étranger qui vivaient en France en 2021, soit près de 10 % de la population. Ce chiffre ne se résume pas à une colonne dans un rapport de l’Insee : il raconte une histoire faite d’ancrages, de ruptures, de départs et d’arrivées. Une histoire où certains pays, en particulier l’Algérie, le Maroc ou le Portugal, occupent une place de choix, même si la carte évolue : ces dernières années, l’Asie et l’Afrique subsaharienne impriment leurs marques dans le paysage migratoire. Les statistiques, loin d’être froides, permettent de mieux saisir la complexité et la diversité des chemins qui mènent à la France.
La France, carrefour historique et actuel des migrations internationales
Sur la scène européenne, la France joue depuis longtemps un rôle de destination majeure. Avec 7,3 millions d’immigrés recensés par l’Insee en 2023, soit 10,7 % de la population, elle demeure l’un des pays les plus concernés par la migration, aux côtés de l’Allemagne, de l’Espagne ou de l’Italie. Mais derrière les chiffres, il y a des histoires, des rêves, des défis, et toute la complexité d’une société en mouvement.
En 2022, l’Hexagone a accueilli 400 000 nouveaux venus. Ce flux, bien en deçà du record allemand de 2,1 millions d’entrées, reste néanmoins significatif dans le contexte européen. L’Union européenne, elle, a enregistré 5,1 millions de nouveaux arrivants la même année, dont une grande partie en provenance de pays extérieurs à l’Europe.
La France n’est pas un simple point d’arrivée : elle analyse, compare, ajuste ses politiques. Des organismes tels que l’Insee, Eurostat ou Frontex scrutent les mouvements, croisent les données, tentent d’anticiper les évolutions. Les règles européennes, de l’asile à la libre circulation en passant par le système de Dublin, dessinent un cadre mouvant, fait de négociations, de compromis, de surveillance et de coopération.
Quelques chiffres permettent de mieux cerner le phénomène :
- L’Union européenne a enregistré 1,1 million de demandes d’asile en 2023.
- La France héberge aujourd’hui quelque 660 000 réfugiés, seuls l’Allemagne et la Pologne en accueillent davantage.
- La Méditerranée centrale reste la route la plus empruntée, avec 1 400 morts ou disparus recensés en 2022 sur ce parcours.
L’histoire migratoire française s’inscrit donc dans une Europe en perpétuel mouvement, où se mêlent accueil, contrôle et réinvention du vivre-ensemble.
Quels sont les principaux pays d’origine des immigrés en France aujourd’hui ?
Avec 7,3 millions d’immigrés selon l’Insee, la France dévoile un visage pluriel. Le Maghreb s’impose en tête : Maroc, Algérie, Tunisie forment le trio de tête, héritage de liens historiques, familiaux, linguistiques tissés au fil du temps. Ces pays demeurent la source principale des arrivées, mais le tableau évolue.
Près de la moitié, 48 %, des immigrés sont originaires d’Afrique. Le Maghreb domine, mais l’Afrique subsaharienne gagne du terrain : Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Cameroun, République démocratique du Congo… Autant de parcours motivés par le regroupement familial, les études, la demande d’asile ou l’espoir d’un avenir meilleur.
L’Europe conserve un poids certain avec 32 % des immigrés : Portugais, Italiens, Espagnols forment le socle de ces flux, souvent liés à d’anciennes vagues économiques ou politiques. Aujourd’hui, la circulation européenne se réinvente : mobilité étudiante, projets professionnels, installations individuelles se multiplient.
L’Asie, quant à elle, représente 14 % des arrivées. Chinois, Vietnamiens, Turcs, Indiens : chaque communauté tisse ses propres réseaux, poursuit ses objectifs, qu’il s’agisse d’études, de travail ou de regroupement familial. L’Amérique et l’Océanie restent plus en retrait : ensemble, elles ne représentent qu’environ 6 % des immigrés.
La liste des pays de naissance reflète les évolutions du monde. Les crises récentes modifient la donne : Ukraine, Syrie, Afghanistan apparaissent désormais parmi les premiers pays d’origine des demandeurs d’asile, rappelant la fragilité des équilibres internationaux.
Évolutions récentes et enjeux autour de la diversité des flux migratoires
Les migrations vers la France ne forment pas un bloc homogène. Chaque origine porte ses spécificités, ses trajectoires. Il est possible d’identifier les principales tendances qui se dessinent :
- Le regroupement familial concerne près de la moitié des arrivées en provenance d’Afrique.
- Les études attirent chaque année des milliers de jeunes Chinois, séduits par les universités et grandes écoles françaises.
- Les ressortissants européens migrent principalement pour le travail, profitant de la libre circulation au sein de l’UE.
Mais derrière les flux, les conditions de vie révèlent des fractures. Le taux de pauvreté des immigrés atteint 32 %, soit deux fois la moyenne nationale. Le chômage ne recule pas : 12 % des hommes et 14 % des femmes immigrées sont concernés. Côté logement, la situation reste tendue : 32 % deviennent propriétaires, mais un quart vit dans un habitat surpeuplé et autant résident dans des quartiers en difficulté.
La seconde génération change la donne. Aujourd’hui, un habitant sur quatre est descendant d’immigré. Plus diplômée, près de 40 % accèdent à l’enseignement supérieur,, cette jeunesse reste néanmoins plus exposée au chômage et aux discriminations, surtout pour celles et ceux issus d’Afrique subsaharienne. D’après l’Insee, 13 % des immigrés et de leurs enfants affirment avoir subi une discrimination lors d’une recherche d’emploi ou sur leur lieu de travail ; pour certains groupes, ce sentiment grimpe à plus de 40 %.
La géographie de l’immigration compose une carte à multiples facettes. Île-de-France, Marseille, Lyon, mais aussi la Guyane, les Alpes-Maritimes ou le Haut-Rhin : ces territoires vivent la diversité au quotidien. À titre d’exemple, un tiers des habitants de Seine-Saint-Denis est immigré. Cette concentration façonne la vie locale, questionne les équilibres et rappelle la nécessité de reconnaître la pluralité des parcours qui composent la France contemporaine.
Au fil du temps, la France s’est muée en archipel de langues, d’origines, de souvenirs et de rêves. Les trajectoires s’entrecroisent, les chiffres fluctuent, mais une interrogation demeure : transformer la diversité en force collective, voilà le défi à relever pour écrire la suite de cette histoire commune.


