L’audit de conformité OHSAS 18001 n’est plus accepté pour les nouvelles certifications depuis mars 2021, alors que des organisations continuent d’exploiter ce référentiel dans leurs pratiques. Les exigences d’ISO 45001 introduisent une gestion proactive des risques et une implication accrue de la direction, là où OHSAS 18001 se concentrait principalement sur les dangers identifiés.
L’alignement d’ISO 45001 avec les autres normes de systèmes de management modifie la structure documentaire et les processus de décision. Ce changement de paradigme impacte directement les démarches de prévention et les obligations réglementaires en entreprise.
Comprendre les enjeux de la santé et sécurité au travail aujourd’hui
Chaque jour, dans le vacarme des ateliers, la tension des open spaces ou la poussière des chantiers, la santé et sécurité au travail (SST) s’impose comme une réalité incontournable. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) livre un constat implacable : plus de 7 000 personnes perdent la vie quotidiennement suite à un accident ou à une maladie liée à leur activité professionnelle. Ce chiffre n’est pas qu’une statistique ; il traduit des drames humains, des entreprises ébranlées, un tissu social fragilisé par un manque d’anticipation.
Le système de management SST ne se limite plus à cocher des cases légales. Il s’agit désormais d’une démarche structurée et globale qui mobilise autant la prévention que l’analyse fine des risques, la veille sur les dangers, le suivi des actions correctives. Pour mesurer l’efficacité de leurs dispositifs, les professionnels de la qualité de vie au travail s’appuient sur des indicateurs précis, parmi lesquels :
- Taux d’accidents du travail : il reflète sans filtre la réalité des conditions de travail et oriente directement les efforts de prévention.
- Taux de réalisation des actions correctives : il évalue la réactivité de l’organisation face à un risque détecté, et sa capacité à transformer l’alerte en solution concrète.
La gestion active des risques pousse à sortir du réflexe défensif pour adopter une posture d’anticipation. Cette anticipation n’est plus un choix mais une exigence de survie : elle protège la santé physique et mentale des salariés, sécurise l’avenir de l’entreprise et répond à une attente sociétale devenue incontournable. Instaurer une culture de sécurité ne relève plus d’un simple affichage : elle irrigue toutes les strates de l’entreprise, engage la direction, implique les équipes et s’invite jusque dans la gouvernance.
OHSAS 18001 et ISO 45001 : quelles différences fondamentales ?
Le passage d’OHSAS 18001 à ISO 45001 ne se résume pas à un changement de numéro sur un certificat. Pendant des années, la norme britannique OHSAS 18001 a structuré la gestion de la santé et de la sécurité au travail. Depuis mars 2018, ISO 45001 a pris le relais, s’affirmant comme la norme internationale de référence pour les systèmes de management SST. Son ambition est bien plus vaste, ses exigences repensées.
ISO 45001 adopte la structure HLS (High Level Structure), la même que celle des normes ISO 9001 et 14001. Cette uniformisation ouvre la voie à une gestion intégrée, un avantage de taille pour les entreprises qui veulent harmoniser qualité, environnement, santé et sécurité au sein d’un même dispositif. À l’inverse, OHSAS 18001 restait isolée, sans lien direct avec les autres référentiels ISO.
La démarche ISO 45001 marque plusieurs ruptures nettes : implication renforcée de la direction, participation accrue des salariés, identification systématique des risques et opportunités. L’approche ne se contente plus de réagir aux incidents, elle impose une lecture dynamique des contextes internes et externes. OHSAS 18001, elle, se limitait principalement à traiter les dangers immédiats, sans aller jusqu’à cette analyse globale.
Le calendrier de transition n’est pas à négliger : trois ans ont été accordés aux entreprises déjà certifiées OHSAS 18001 pour adapter leurs pratiques. Celles qui n’opèrent pas ce changement voient leur reconnaissance sur la scène internationale s’éroder, la certification OHSAS 18001 étant progressivement retirée au profit d’ISO 45001.
Pourquoi la certification ISO 45001 s’impose comme la nouvelle référence
L’arrivée d’ISO 45001 sur la scène mondiale redéfinit les standards en matière de santé et sécurité au travail. Cette norme ne se contente pas de lister des exigences : elle structure une démarche d’amélioration continue, basée sur le cycle PDCA (Plan-Do-Check-Act). Obtenir la certification ne revient plus à satisfaire une obligation, mais à se doter d’un véritable atout stratégique, quel que soit le secteur d’activité ou la taille de l’organisation.
Le cœur du dispositif : l’identification rigoureuse des risques et des opportunités. ISO 45001 exige une analyse régulière, qui englobe l’environnement opérationnel, les processus métiers et les attentes des parties prenantes. Cette vision transversale force à repenser la gestion des dangers : prévenir, plutôt que subir. Sur le terrain, la baisse du nombre d’accidents du travail chez les certifiés en atteste, chiffres et témoignages à l’appui.
ISO 45001 tire aussi sa force de sa compatibilité avec d’autres normes internationales majeures :
- ISO 9001 pour la qualité,
- ISO 14001 pour la gestion environnementale,
- et des normes sectorielles comme ISO 45003 ou ISO 45006.
Grâce à cette cohérence, les entreprises peuvent bâtir un système intégré, évitant les démarches parallèles et les doublons. Résultat : une efficacité renforcée, plus de clarté et une crédibilité accrue auprès des partenaires et clients.
La norme encourage également une implication concrète de tous les acteurs : direction qui donne l’exemple, salariés véritablement impliqués, politiques de prévention incarnées dans les pratiques. Les audits réalisés par des organismes indépendants permettent non seulement de vérifier le respect des exigences, mais aussi de guider la progression de l’entreprise sur la durée. ISO 45001 devient ainsi bien plus qu’un référentiel : elle pose les fondations d’un engagement collectif, inscrit dans la durée, pour une santé et une sécurité au travail renforcées.
Transitionner vers ISO 45001 : étapes clés et conseils pour réussir
Le passage d’un système de management SST OHSAS 18001 à ISO 45001 nécessite bien plus qu’une simple révision de documents. Il s’agit d’un projet d’entreprise qui implique méthode, pilotage et engagement collectif. La première étape consiste à réaliser un diagnostic précis de l’existant. Cela permet de repérer les écarts entre les pratiques actuelles et les exigences de la nouvelle norme, de valoriser les points forts et de prioriser les actions à entreprendre.
Une fois le diagnostic posé, la phase de planification démarre. Il s’agit d’élaborer un plan d’action SST détaillé, intégrant la formation des équipes, la mise à jour des procédures et l’appropriation des nouvelles notions comme l’analyse des risques et des opportunités. L’engagement de la direction et la participation active des salariés jouent ici un rôle clé, car ISO 45001 place la collaboration au cœur de sa démarche. S’appuyer sur des indicateurs fiables, tels que le taux d’accidents du travail ou celui de réalisation des actions correctives, donne du relief au pilotage.
Pour faciliter cette transformation, certaines entreprises choisissent de se faire accompagner par des experts comme QSE Perf. Leur mission : conduire des audits blancs, former, partager des retours d’expérience. Le groupe Noblet, par exemple, a franchi le cap de la certification ISO 45001 après OHSAS 18001 grâce à une démarche collective et progressive. Le processus se conclut par un audit externe, mené par un organisme accrédité, précédé d’un audit interne rigoureux et d’audits annuels de suivi.
Anticiper, former, impliquer et mesurer : telles sont les clés d’une transition réussie vers ISO 45001. Ce changement ne se limite pas à décrocher un nouveau certificat, il engage l’entreprise dans une dynamique de progrès continu, bien au-delà des exigences formelles.
Adopter ISO 45001, c’est choisir de placer la vigilance collective au premier plan, et miser sur une prévention qui façonne durablement le quotidien des équipes. À l’heure où la sécurité au travail n’admet plus d’approximations, la question n’est plus de savoir quelle norme choisir, mais jusqu’où l’on souhaite aller pour protéger la vie au travail.


